Cartes sur table

Le Plume : département des cartes et plans

18 juin 2006

Dimanche 18 juin 1815

J'interromps quelques minutes mes écrits historiques pour ce rappel historique :


Plaine du Brabant entre Ohain et Braine-l'Alleud.
Carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens levée à l'initiative du Comte de Ferraris.
Réédition : Bruxelles, Crédit communal, 1965.
Taille de l'extrait : 16 cm, soit 4 km.
Centre de l'extrait : 50°40' N, 4°24' E.

Je laisse la parole à Monsieur Hugo, Victor, de l'académie française.

Ceux qui veulent se figurer nettement la bataille de Waterloo n'ont qu'à coucher sur le sol par la pensée un A majuscule. Le jambage gauche de l'A est la route de Nivelles, le jambage droit est la route de Genappe, la corde de l'A est le chemin creux d'Ohain à Braine-l'Alleud. Le sommet de l'A est Mont-Saint-Jean, là est Wellington ; la pointe gauche inférieure est Hougomont, là est Reille avec Jérome Bonaparte ; la pointe droite inférieure est la Belle-Alliance, là est Napoléon. Un peu au dessous du point où la corde de l'A rencontre et coupe le jambage droit est la Haie-Sainte. Au milieu de cette corde est le point précis où s'est dit le mot final de la bataille. C'est là qu'on a placé le lion, symbole involontaire du suprême héroïsme de la garde impériale.

Le triangle compris au sommet de l'A, entre les deux jambahes et la corde, est le plateau de Mont-Saint-Jean. La dispute de ce plateau fut toute la bataille.

Victor Hugo, Les misérables, deuxième partie (« Cosette »), livre premier (« Waterloo »), chapitre IV (« A »)

Merci, M. Hugo. Tout est sur la carte : Mont-Saint-Jean sous le second B de « Brabant », le Cabaret de la Belle-Alliance en bas et,sur la gauche, les jardins à la Française de Hougomont.

Avec le recul de l'histoire, Waterloo est presque une péripétie : la fin de l'aventure des Cents Jours, confirmant les défaites de l'année précédente. Pour les hommes du XIXe siècle, c'est la victoire finale des émigrés soutenus par le reste de l'Europe, et qu'il faudra deux révolutions pour déloger. Pour eux, c'est la bataille qui définit l'époque dans laquelle ils vivent. Un peu le rôle que joue le jour le plus long du 6 juin 1944 pour l'époque contemporaine.

C'était notre chronique spéciale « histoire-bataille ». Je retourne à mes marchands de canons.